A la MC 93 de Bobigny, Don Giovanni de Mozart par l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris. Le saut de l’ange, le test qui ne pardonne pas, qui plus est sur ce plateau panoramique où il y a un quart de siècle, le Don Giovanni « de » Peter Sellars a changé la face du lyrique. Double idée force du metteur en scène Christophe Perton : Don Giovanni est dès le début blessé à mort (une citation de la mise en scène de Claus Guth au festival de Salzbourg), et il est animé, protégé par Mozart lui-même, lequel, installé en fond de scène, tient le continuo. Une échappée dans l’espace-temps qui justifie la fuite immobile du héros toujours poursuivi, jamais attrapé, si ce n’est par la mort. Une ouverture à un jusqu’auboutisme qu’autoriserait la jeunesse de la troupe (deux distributions où personne n’a plus de trente ans), mais qui probablement mettrait celle-ci en danger. Admirable déjà la maîtrise Michel Partyka, Don Juan prédateur plutôt que séducteur, de Pietro di Bianco, Leporello plus complice que valet, d’Andreea Soare, Elvira au timbre somptueux, d’Adriana Gonzalez, Zerline de vingt-et-un ans, tous novices dans des rôles où se sont illustrés les plus grands. Exemplaire l’équilibre fosse-plateau obtenu par Alexandre Myrat, chef-pédagogue à la tête des jeunes de l’Orchestre-atelier Ostinato. Un bâton de maréchal en tout cas pour cette institution qui fêtera bientôt ses dix ans d’âge et d’où sont issues nombre de voix parmi les plus prometteuses.
François Lafon
MC 93, Bobigny, jusqu’au 31 mars. 24 - 26 mai Théâtre de la Piscine, Châtenay-Malabry Photo © Cosimo Mirco Magliocca