Reprise, à l’Opéra Garnier, de Capriccio de Richard Strauss, dans la mise en scène de Robert Carsen. Un pendant intimiste des Contes d’Hoffmann selon Carsen à la Bastille. Là aussi, le Palais Garnier est en vedette, mais dans ses murs : cage de scène apparente, foyer de la danse (arrière scène) ouvert, jeu de perspectives incluant la salle, comme si le salon de cette Comtesse hésitant entre un poète et un musicien ne pouvait être que ce théâtre d’opéra où les mots et les notes sont indissociables. Lors de sa création en 2004, le spectacle était un cadeau d’adieu à Hugues Gall terminant son mandat de directeur en même temps qu’un écrin à la voix melliflue de Renée Fleming, sa diva fétiche. Une brillante démonstration de virtuosité. Avec Michaela Kaune - physique alla Schwarzkopf, style straussien accompli, tempérament de comédienne -, avec au pupitre un Philippe Jordan plus à son affaire que jamais, le palais de la Belle au bois dormant se réveille. Et ce Capriccio, traité d'esthétique en forme de conversation musicale créé à Munich en pleine horreur nazie, prend des allures d’ultime signe de civilisation avant la débâcle. Délicieux et effrayant à la fois.
François Lafon
Opéra de Paris, Palais Garnier, 8, 11, 13, 16, 19, 22, 25, 27 septembre 2012 Photo © Opéra de Paris-Elisa Haberer