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Alcione à l’Opéra Comique : symboles et références
jeudi 27 avril 2017 à 01h53
Réouverture officielle de l’Opéra-Comique refait à neuf (mais à l’identique – voir ici) avec Alcione de Marin Marais (1706), dirigée Jordi Savall et mis en scène par Louise Moaty. Des symboles et des références : c’est à la salle Favart qu’avec Atys de Lully, la tragédie lyrique a retrouvé en 1987 un public et une raison d’être, vouant le lieu à un genre dans lequel on ne l’aurait pas attendu. Quant à Savall, qui a fait (re)découvrir Marais gambiste dans le film d’Alain Corneau Tous les matins du monde (1991), il ressuscite aujourd’hui son chef-d’œuvre lyrique, dont la dernière représentation scénique remontait à 1771. Alcione, perle d’un genre (déjà) en perte de vitesse avant que Rameau ne lui offre un été indien inespéré, est une merveille musicale, mais un piège théâtral. Surfant sur l’idée que c’est la scène de la tempête - mère de toutes les tempêtes opératiques à venir -  qui a assuré à l’ouvrage une lacunaire postérité, Louise Moaty (elle aussi un symbole, avec son compère Benjamin Lazar, de l’opéra baroque recréé/reconstitué) a imaginé un théâtre-cirque-bateau (les machinistes étaient traditionnellement d’anciens marins) en état d’apesanteur : on danse au sol mais aussi dans les airs, suspendu à des fils, des voiles, des mâts (chorégraphie de Raphaëlle Boitel, utilisant des circassiens dignes des plus grands music-halls). Un procédé qui va bien à cette histoire de fille du vent dont les charmes déchaînent les cœurs autant que les éléments. Experte à susciter la magie à partir d’artifices de théâtre, elle mêle savamment humanité et animalité, costumes vide-grenier et bric-à-brac étudié, mais elle est piégée par la longueur (plus de trois heures) et les longueurs de l’ouvrage, et en vient plus d’une fois à tourner en rond. A la tête d’un Concert des Nations discipliné, Savall déploie son énergie habituelle (différente de celle de Marc Minkowski dans son intégrale enregistrée – Erato), galvanisant une troupe - en particulier le trio de tête Lea Desandre - Marc Mauillon - Cyril Auvity - qui donne son maximum en seconde partie. A noter que le problème acoustique récurrent (l’orchestre sonne trop fort) de la salle a apparemment été résolu, impression à vérifier lorsqu’un ensemble « moderne » sera en fosse. 

François Lafon

Opéra Comique, Paris, jusqu’au 7 mai. Opéra Royal de Versailles les 8, 10 et 11 juin. Rencontre avec Jordi Savall et Louise Moaty le samedi 6 mai à 18h, dans le cadre de l’opération Tous à l’Opéra. En direct le 6 mai à 20h sur Mezzo Live HD (Photo © Vincent Pontet)

 

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