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Académie de l’Opéra : Il Nerone, déconcertante pureté
jeudi 3 mars 2022 à 00h59
Au théâtre de l’Athénée, spectacle annuel de l’Académie de l’Opéra de Paris : Il Nerone, Il Coronazione di Poppea de Monteverdi, confié à Vincent Dumestre (direction) et Alain Françon (mise en scène). Un Couronnement de poche, inspiré de cet hypothétique Nerone (titre plus « vendeur », déjà ?) donné à Paris en 1646 par une troupe italienne, en remplacement d’un Orfeo de Rossi dont les répétitions avaient pris du retard. Un retour aux sources pour ce chef-d’œuvre dont les deux partitions originelles multiplient les variantes et dont la musique résulte en partie - comme cela se faisait à l’époque - d’un travail d’atelier supervisé par Monteverdi. Mais quelles sources donc ? Dans le cadre intime de l’Athénée, Alain Françon, dont on connait la rigueur au théâtre, gomme les grands effets, et même le mélange des genres qui a fait qualifier l'ouvrage de shakespearien. Il parle de l’« insaisissable », de la « déconcertante pureté de l’amour » qui émane de cette galerie de monstres, et exige des jeunes chanteurs de l’Académie le plus difficile : la violence immobile et la sensualité à distance. Racine plutôt que Shakespeare. Soutenus par un Poème Harmonique réduit à une dizaine d’instrumentistes – loin des versions très orchestrées alla René Jacobs – les interprètes font preuve d’une discipline vocale et d’une tenue scénique impressionnantes : formidable Néron néo-David Bowie du contre-ténor Fernando Escalona, graves sépulcraux contrastant avec la jeunesse d’Alejandro Balinas Vieites en Sénèque, Nourrices arrivistes plus pince sans rire que truculentes (la mezzo Lise Nougier et le contre-ténor Léo Fernique). Coup d’éclat au milieu des nombreuses coupures, resserrements et déplacements de scènes pour lesquels chef et metteur en scène ont travaillé main dans la main : le célèbre duo final, postérieur à Monteverdi et dont on sait qu’il n’est pas de lui, se retrouve avant l’entracte, l’ouvrage se terminant plus traditionnellement par le…. couronnement de Poppée. Une expérience à tenter, mais démontrant a contrario le génie dramatico-musical de celui ou ceux qui ont attendu la fin pour illuminer cette sombre histoire d’un ciel étoilé qui en relève les ambiguïtés. 
François Lafon 
Il Nerone, L’Incoronazione di Poppea, Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet, Paris, jusqu’au 12 mars – Opéra de Dijon, du 20 au 26 mars – Maison de la culture d’Amiens, 1er avril (Photo © Vincent Lappartient-Studio J'adore ce que vous faites !)

 

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