Mardi 23 avril 2024
Concerts & dépendances
A Quiet Place de Leonard Bernstein, cathartiques retrouvailles
jeudi 10 mars 2022 à 00h01
Débuts de Leonard Bernstein-compositeur à l’Opéra de Paris  (Palais Garnier) : A Quiet Place. Une presque création aussi que cette version de chambre remodelée et réorchestrée pour grande formation de cet ultime opus scénique du maestro, d’abord  donné comme un sequel à l’opéra bouffe "de jeunesse" Trouble in Tahiti (1951), lequel se retrouvera inclus comme un flash back dans la version « définitive » jouée et enregistrée (1986 - DG) à Vienne sous la direction de Lenny himself, puis en sera exclu dans la déjà citée version de chambre due à Garth Edwin Sunderland (vice-président du Leonard Bernstein Office) en 2013 et enregistrée par Kent Nagano pour Decca. Compliqué ? Pas si simple non plus le livret de l’écrivain Stephen Wadsworth, nous jetant dans la vie d’une famille américaine en butte aux tabous, préjugés et décorticages psy des années d’après-guerre, dont les dramaturges Arthur Miller et Tennessee Williams ont entre autres fait leur miel. Un sujet rêvé en revanche pour le metteur en scène Krzysztof Warlikowski, maître dans l’art de débrouiller les écheveaux domestiques les plus enchevêtrés et de jongler avec le mélange de tragique et de dérisoire, de fines analyses et de grands sentiments que les Européens ont beau jeu de qualifier de « typiquement américain ». Un mélange que l’on retrouve dans la musique de Bernstein, mariant la polytonalité héritée de Stravinsky et la veine mélodique qui a fait son succès à Broadway, mais toujours en situation, sans complaisance ni bavardage, infirmant l’idée reçue que cette Quiet Place témoigne de la perte d’inspiration qui a gâché ses dernières années. Direction à la pointe sèche et vitaminée à la fois de Kent Nagano, élève du maître, et distribution adéquate de chanteurs-acteurs entourant le fantôme muet mais éclairant (si l'on peut dire) de la mère - ex-héroïne de Trouble in Tahiti - dont l’incinération (brûlantes images filmées) occasionne ces cathartiques retrouvailles. Inclusion warlikowskienne qui ravira les bernsteinophiles : un extrait des légendaires Young People Concerts télévisés, où le maître explique comment l’émotion vient dans la musique … à propos de la 4ème Symphonie de Tchaïkovski. 
François Lafon
Opéra National de Paris – Palais Garnier, jusqu’au 30 mars – En différé le 23 avril à  20h sur France Musique (Photo © Bernd Uhlig / OnP)

 

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