« Comment l’amour fait exploser le cadre d’une œuvre ». Ambitieux programme. C’est celui de Christophe Crapez, qui met en scène et chante Le Journal d’un disparu au théâtre de l’Athénée. Il n’est pas le premier à chercher l’opéra dans ce cycle de mélodies composées par Janacek au moment où il se consume d’amour pour une femme de trente-huit ans plus jeune que lui. En 2001, au festival d’Aix, Claude Régy avait fait de ce bizarre cycle de mélodies pour jeune homme amoureux (ténor), gitane ensorceleuse (alto) et trois femmes formant chorus une disparition mystique aux yeux du monde d’en bas. Crapez est plus pragmatique. Il nous emmène dans un bureau des partitions perdues, où un pianiste (Nicolas Krüger) joue Janacek (Sonate, Sur un sentier recouvert) jusqu’à ce que naisse un opéra miniature. Mais pour être un chef-d’œuvre vocal composé par un génie de l’opéra, Le Journal d’un disparu n’est pas un opéra, et l’exercice, une fois de plus, reste un exercice. Musicalement, c’est très réussi. On a envie de (ré)écouter Janacek, les opéras, les pièces pour piano, tout : il n’y a rien à jeter.
François Lafon
Théâtre de l'Athénée, Paris. Les 14, 15 (20 h) et 16 (16 h) janvier.