Vendredi 19 avril 2024
Voyage au bout de la nuit
Cinq partitions radieuses et obsédantes de Philippe Hersant
Songlines

Aussi radieux qu’une partition de Milhaud à la découverte des Amériques et aussi étrange que le théâtre bigarré de Kagel, Songlines rappelle que son auteur maîtrise en outre finement la musique de scène, avec ce piano qui ruisselle, le pépiement de la flûte associée à la voix du trombone et ces cordes véhémentes, le tout magnifié par l’Ensemble Zellig. « Satellite », selon Hersant, de son opéra Le moine noir d’après Tchekhov (2005), In black pour piano suggère une extase scriabinienne, sous le feu glacé du clavier rêveur de Cédric Tiberghien, son dédicataire. Obsédantes (I, II), calmes (IV, VI) ou sarcastiques (III, V), les Six bagatelles pour clarinette, piano et violoncelle pourraient être le portrait psychologique de l’auteur, secret comme un songe. Hersant aimerait que sa musique obsède, se prolonge dans l’esprit de l’auditeur : tel est le cas avec les cinq fortes partitions de cet album, y compris la dernière In die ferne, sorte de Voyage d’hiver pour baryton (Matthieu Lécroart) et piano (fidèle Alice Ader) au cœur d’une nuit allemande sur le thème de la mort en huit strophes, de Trakl à Eichendorff, et même si l’allemand n’est pas la langue préférée du chanteur, quel beau voyage tout au bout de la nuit…  
Franck Mallet

Hersant : Songlines ; In black ; Sonate pour violoncelle ; Six bagatelles ; In die ferne
Cédric Tiberghien (piano) Romain Garioud (violoncelle), Alice Ader (piano), Matthieu Lécroart (baryton)
Zellig
1 CD Megadisc Classics MDC 7872 (distr. Socadisc)
1 h 09 min

mis en ligne le lundi 10 juillet 2017

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