Jeudi 28 mars 2024
Une Salomé en noir et blanc
Le pianiste Vincent Larderet se fait le champion de Florent Schmitt
La Tragédie de Salomé - Ombres - Mirages

Florent Schmitt a à la fois très bonne et très mauvaise réputation. On admire sa science de l’orchestre (c’est un élève de Massenet et Fauré) ainsi que son originalité foncière qui lui a permis de trouver une place entre Debussy et de Ravel sans être totalement écrasé par eux. On admire moins l’homme, connu pour son caractère entier, son admiration musicale mais aussi politique (dans les années 1930 !) pour l’Allemagne et ses dérapages verbaux (son « Vive Hitler ! » lors d’un concert de Kurt Weill en 1933 ne lui a jamais été pardonné). On donne encore (rarement) sa Tragédie de Salomé, créée en 1907 par la Loïe Fuller sous forme de ballet-mimodrame, et qui avait fait l’admiration de Stravinsky, mais sa musique pour piano n’est pratiquement plus jouée. Il en a pourtant composé beaucoup, et Vincent Larderet, dont la curiosité musicale excède le répertoire romantique que lui a enseigné son maître Bruno Leonardo Gelber, n’a eu qu’à y puiser son chef-d’œuvre, Ombres - trois pièces dignes, comme il l’indique lui-même, des œuvres les plus efflorescentes de Szymanowski -, les étranges Mirages, et la version piano (inédite au disque) de Salomé, marathon épuisant retrouvant les éclats de la version orchestrale à force de folies digitales. Il joue tout cela en habitué de Scriabine, Falla et Szymanowski, c'est-à-dire avec une aisance et une imagination qui font passer ce que cette musique peut avoir de contourné.
François Lafon

La Tragédie de Salomé - Ombres - Mirages
Vincent Larderet (piano)
1 CD Naxos 8.572194
1 h 17 min

mis en ligne le samedi 19 mars 2011

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