Jeudi 28 mars 2024
Une question d'intériorité
Philippe Herreweghe entraîne Dvorák dans la méditation
Antonín Dvorák – Requiem

Quand Antonin Dvorak compose son Requiem, il n’est ni un ami endeuillé, ni un veuf éploré, ni un père inconsolable, juste un musicien qui a envie de s’aventurer vers quelque chose de musicalement neuf. Si l’œuvre, comme on s’en doute, traduit une angoisse de la mort, la douleur et la tristesse, c’est dans son Stabat Mater que le compositeur les a exprimées treize ans plus tôt, en 1877, après le décès en bas âge de trois de ses enfants. Au fil de son élaboration musicale, il imagine un joli motif dont il fait la clé de tout son Requiem, quelques notes comme une descente vers les ténèbres suivie d’une remontée dans l’espoir de la résurrection. Ce motif, on le retrouve tout au long de l’œuvre, orchestré, modulé, et encadrant des passages au caractère moins affirmé : le sublime alterne parfois avec de grands étirements. Seulement voilà : quand Philippe Herreweghe y met sa patte, ce Requiem prend une autre dimension. Le lyrisme, voire l’exubérance, qui marquent certaines interprétations, se teintent d’intériorité, la partition gagne en nuances et les choristes du Collegium Vocale de Gand, absolument exceptionnels, chantent moins en puissance qu’en subtilité. Comme souvent avec les interprétations de Philippe Herreweghe, d’aucuns se demanderont si cette version est bien dans l’esprit tchèque. Cette question, ici, a-t-elle vraiment de l'importance ?
Gérard Pangon

Requiem op. 89
Ilse Eerens (soprano), Bernarda Fink (mezzo-soprano), Maximilian Schmitt (ténor), Nathan Berg (basse)
Collegium Vocale Gent, Royal Flemish Philharmonic
Direction musicale : Philippe Herreweghe
2 CD Phi Outhere LPH 016
1 h 33 min

mis en ligne le lundi 4 mai 2015

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