Mercredi 24 avril 2024
Une certaine brutalité
Les Vêpres siciliennes, grand opéra français
Les Vêpres siciliennes

Les Vêpres siciliennes en VO française au Covent Garden de Londres : bravo pour l’authenticité. Comme Don Carlos, l’ouvrage, généralement donné en traduction italienne, ressortit pourtant à l’esthétique du « grand opéra français » inspiré de Meyerbeer. C’est ce contexte que le metteur en scène Stefan Herheim – que l’on connait dans un répertoire plus intellectuel – évoque avec insistance : théâtre dans le théâtre (en l’occurrence le Palais Garnier, inauguré … vingt ans après la création de l’ouvrage salle Le Peletier), danseuses à la Degas (alors que le ballet, obligatoire à l’époque à Paris, est ici coupé), glorification de l’artiste, oppression bourgeoise, ferveur nationaliste. Au moins le sujet est-il traité, assez brutalement et efficacement, sans qu’il soit besoin d’une actualisation artificielle de l’action. Musicalement, la relecture philologique est plus problématique, moins du fait d’Antonio Pappano, dont la battue implacable (toscaninienne, disent certains) emporte dans un même geste les grands et petits moments de l’ouvrage (nous sommes loin de l’inspiration constante de Don Carlos), que des chanteurs aux prises avec la langue française appliquée à l’esthétique verdienne. Même en italien, cela dit, Lianna Haroutounian et Bryan Hymel auraient probablement autant de mal à plier leurs enviables moyens aux exigences belcantistes requises, et les voix graves Erwin Schrott et Michael Volle à trouver une ampleur qu’elles n’ont pas naturellement.
François Lafon

Les Vêpres siciliennes
(Guy de Montfort), Michelle Daly (Ninetta), Neal Cooper (Thibault), Jung Soo Yun (Mainfroid)
Choeur et Orchestre du Royal Opera House, Covent Garden
Direction musicale : Antonio Pappano
Mise en scène : Stefan Hereim
Réalisation : Rhodri Huw
2 DVD Warner Classics 0825646164349
3 h 12 min

mis en ligne le dimanche 19 avril 2015

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