Jeudi 25 avril 2024
Un Ravel flamboyant
Jean-Frédéric Neuburger a le piano symphonique
Jean-Frédéric Neuburger - Ravel

On sait Jean-Frédéric Neuburger familier de Ravel depuis l’enfance. Son Gaspard, comme vu des yeux d’un enfant à l’heure du conte du soir, visite toutes les teintes de la nuit, ses visions troublantes et fugaces dans une nature, ou une pièce à dormir immense, aux recoins inquiétants. Son piano symphonique - mais anonyme, hélas - y suggère le son de cloches quasi lisztiennes, les jeux d’ombres du nain Scarbo au clair de lune, et tant de frissons avec une précision d’horloger suisse. C’est ensuite avec une tension cristalline que le pianiste interprète les Valses nobles et sentimentales. Il y déploie un imaginaire d’enivrements successifs, et à chacune le sien – virevoltant, alanguissant, insidieux…Puis le ton change avec Le Tombeau de Couperin, cette suite d’hommages (à des amis victimes de la guerre) à la façon de Couperin et par le style et par l’empreinte d’élégance et de noblesse. Devait-il y en avoir, de la passion, dans ces amitiés pour que ce Rigaudon et cette Toccata soient à ce point abyssaux…Un triptyque royal, que Jean-Frédéric Neuburger traite avec énergie et netteté, sans afféterie ni sécheresse. Il fait œuvre de Tombeau pour un Ravel gothique flamboyant celui-là, quand d’autres le caricaturent en romantique fiévreux. Magistral, avec une mention spéciale pour la prise de son, elle aussi nette et dynamique, de Cécile Lenoir.
Albéric Lagier

Gaspard de la nuit ; Valses nobles et sentimentales; Le Tombeau de Couperin.
Jean-Frédéric Neuburger (piano)
1 CD Mirare MIR 232
1 h 05 min

mis en ligne le jeudi 5 décembre 2013

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