Jeudi 18 avril 2024
Un quatuor trop lisse est un quatuor qui glisse
Le Quatuor Modigliani dépouille Haydn de ses aspérités
Quatuors op.50 n°1, op.76 n°1, op.77 n°1

Les derniers quatuors de Haydn et les premiers de Beethoven sont contemporains, mais on ne saurait les confondre. Les uns sont d’un sage dressant le bilan d’une longue carrière, les autres d’un homme encore jeune ayant parfois tendance à ruer dans les brancards. Cela dit, les opus 76 et 77 de Haydn sont tout aussi radicaux, voire plus, que l’opus 18 de Beethoven. Et il ne faut surtout pas, sous prétexte que Haydn est antérieur à Beethoven, gommer les aspérités de ses quatuors. C’est malheureusement ce qu’on peut reprocher au Quatuor Modigliani. L’opus 76 n°1 (1797) n’est pas le plus connu de la dernière série de six composée par Haydn. Est-ce parce qu’il n’a pas de surnom, comme Les Quintes (n°2) ou L’Empereur (n°3) ? Le premier mouvement allie la finesse - les quatre instruments font leur entrée les uns après les autres, en solistes - à la force, presque à la brutalité - ils se livrent bientôt à de farouches unissons. Il faut un contraste net, l’auditeur est censé sursauter. Ce n’est pas le cas ici, tout est trop placide. La situation s’améliore dans le troisième mouvement, un véritable scherzo, mais le finale lui non plus n’est pas vraiment maîtrisé. Et pourquoi nous priver de sa reprise ? L’opus 50 n°1 (1787) appelle moins de commentaires, mais si l’opus 77 n°1 (1799) satisfait dans l’ensemble, on est loin de retrouver l’extraordinaire réussite du Quatuor Amati (Divox), pour ne citer que lui. Ce CD n’est pas de ceux qui s’imposent.
Marc Vignal

Quatuors à cordes opus 76 n°1, opus 50 n°1 et opus 77 n°1
Quatuor Modigliani
1 CD Mirare MIR 231
1 h 05 min

mis en ligne le dimanche 23 mars 2014

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