Mardi 23 avril 2024
Un monument qui respire
Philippe Herreweghe aère la Missa Solemnis
Missa solemnis
Si la musique de Beethoven séduit souvent au premier coup d’oreille, la Missa solemnis, elle, demande à être apprivoisée. A l’inverse de sa sœur jumelle, la Neuvième Symphonie - composée à la même époque et pour solistes, chœur et orchestre, elle aussi -, elle ne comporte ni grands thèmes ni envolées purement musicales. Les différents motifs sont imbriqués, liés au texte liturgique que Beethoven accompagne pas à pas - quitte à changer de rythme ou d’harmonie d’une phrase à l’autre - avant de le prolonger, de le transcender, par la seule grâce de ses notes. Pour Beethoven, c’est une manière de traduire sa quête d’un autre monde, supérieur, idéal. Interpréter ce monument – « la plus grande œuvre que j’ai jamais composée, » dixit Beethoven – est ainsi une épreuve semée de pièges. Lui donner un caractère monumental était jadis une façon de s’en tirer. Aujourd’hui, l’art est de trouver une cohérence à cette alternance de tensions et de respirations, de fugues et d’explosions, de jouer sur l’équilibre entre la symphonie orchestrale, la partie chorale et les solistes qui, d’ailleurs, ressemblent plus à des choristes privilégiés. La démarche de Philippe Herreweghe, qui a déjà enregistré cette messe il y a presque vingt ans, est dorénavant celle du dépouillement, comme on l’a entendu dans ses dernières interprétations. Il reste ici sur la même ligne, choisit d’aérer sans pour autant perdre en densité, et livre ainsi une belle version.
Gérard Pangon
Missa solemnis
Marlis Petersen (soprano), Gerhild Romberger (mezzo-soprano), Benjamin Hulett (ténor), David Wilson-Johnson (baryton)
Collegium Vocale Gent, Orchestre des Champs-Elysées
Direction musicale : Philippe Herreweghe
1 CD Phi LPH007
1 h 15 min
mis en ligne le mardi 18 décembre 2012
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deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.
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