Vendredi 19 avril 2024
Torrent de feu
Olga Pashchenko joue Beethoven en grand large
Appassionata, Les Adieux, Waldstein

Pas froid aux yeux – ni aux doigts – Olga Pashchenko. Dans la lignée de ses maîtres Alexei Lubimov et Andreas Staier, elle milite pour un Beethoven sur instruments d’époque. Une démarche désormais acceptée, si ce n’est qu’elle a commencé sa carrière discographique avec la Sonate op. 111 (Fuga Libera), ultime chef-d’œuvre accréditant, selon les scepticobaroqueux, l’idée qu’elle était destinée à un piano qui n’existait pas encore. Son album Variations (voir ici) a rivé le clou : large respiration, dynamique musclée, ruptures vertigineuses. Pas de tricotage pusillanime donc, mais pas non plus de grandiloquence « alla russe ». La voilà dans trois chefs-d’œuvre à titres, les deux premières (« Waldstein » et « Appassionata ») parmi les plus populaires du corpus, jalons dans l’évolution du piano beethovénien et tous trois à forte teneur psychologique. Sa « Waldstein » mérite davantage son premier titre (gratitude envers le comte Waldstein) que son plus mièvre second (« L’Aurore »), son « Appassionnata » est bien le « torrent de feu dans un lit de granit » décrit par Romain Rolland, et ses « Adieux » - la plus énigmatique et allusive des trois - exprime richement la complexité de sentiments du compositeur assistant au départ et au retour de son élève l’archiduc Rodolphe, chassé de Vienne par l’invasion napoléonienne. Son piano, un Conrad Graf de 1824 superbement capté par Franck Jaffrès, répond à ses moindres intentions : les scepticobaroqueux apprécieront.
François Lafon

Sonates pour piano n° 21 « Waldstein », n° 23 « Appassionata », n° 26 « Les Adieux »
Olga Pashchenko (pianoforte Conrad Graf, Vienne - 1824)
1 CD Alpha 365 (Outhere)
1 h 10 min

mis en ligne le jeudi 3 août 2017

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.