Vendredi 19 avril 2024
Tempêtes russes
Matsuev et Gergiev, un couple bien assorti
Rachmaninov - Stravinsky - Shchedrin

Impossible de le nier, Denis Matsuev et Valery Gergiev sont faits l'un pour l'autre : depuis que le patron du Mariinski l'a pris sous son aile, le pianiste a prouvé qu'il sait parfaitement s'accommoder au style robuste du chef. Pour preuve, ce programme aux esthétiques très diverses qui traverse un siècle de musique russe. Le Premier concerto de Rachmaninov (même, comme ici, dans la version remaniée de 1917) ne pose pas les même exigences que les deux suivants, mais il faut quand même un toucher d'acier pour pouvoir, comme Matsuev, faire ressortir toute la dimension épique. Difficile de trouver plus éloigné de cette œuvre hyper-romantique que le Capriccio, typique de la période néoclassique de Stravinsky, écrit à la pointe sèche et dont soliste et chef soulignent quand il faut l'ironie. Le clou du spectacle est pourtant le Concerto n° 2 de Rodion Shchedrine, pièce éclectique (avec même une touche de jazz dans le dernier mouvement) de 1962 qui paraît tout entier taillé sur mesure pour les qualités de Matsuev : style musculaire, trépignements roboratifs, déchainements, tout y est pour faire briller sa puissance. Il y arrive sans peine, même si parfois les enregistrements sur le vif semblent privilégier son instrument aux dépens de l'orchestre.
Pablo Galonce 

Rachmaninov : Concerto pour piano n° 1 op. 1 - Stravinsky : Capriccio pour piano et orchestre - Shchedrin : Concerto pour piano et orchestre n° 2
Denis Matsuev (piano)
Orchestre du Théâtre Mariinski
Direction musicale : Valery Gergiev
1 SACD Mariinsky MAR0587
1 h 06 min

mis en ligne le dimanche 24 janvier 2016

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