Mardi 16 avril 2024
Technique de fer et gant de velours
Avec Alain Planès, l’alpha et l’oméga du piano de Bartok
Oeuvres pour piano

Comme pour recadrer Liszt, qui avait confondu musique tzigane et véritable folklore hongrois, Bartok a inventé un piano bien à lui, percussif, violent, utilisant les modes d’écriture les plus anciens à des fins révolutionnaires. Cela donne un corpus de trois cents pièces groupées en vingt-huit bouquets allant du plus accessible au plus ardu, parmi lesquelles Alain Planès a puisé pour composer un programme où tensions et détentes sont finement dosées. Il a par exemple placé l’unique Sonate, chef-d’œuvre austère ouvrant un chemin qu’un Boulez suivra, au centre de son récital, lequel commence par l’œcuménique Suite de danses et se termine par les Quatorze Bagatelles, œuvre de jeunesse mêlant folklore magyar et réminiscences debussystes et contenant en germes les chefs-d’œuvre à venir. Cela donne une heure vingt d’une musique à la fois unitaire et éclatée, où le pianiste singulier qu’est Planès - haydnien reconnu et chopinien inattendu, atypique dans Debussy et transcendant dans Janacek - glisse sa technique de fer dans un gant de velours, rendant irrésistibles les nombreux moments de tendresses émaillant ces œuvres au rythme implacable. Entre le pionnier György Sandor et le déjà classique Zoltan Kocsis, son Bartok trouve tout naturellement sa place, ce qui n’est pas rien.
François Lafon

Suite de danses - Quinze Chants paysans hongrois (n° 7 - 10) - Sonate pour piano - Six Danses populaires roumaines - Quatorze Bagatelles
Alain Planès (piano)
1 CD Harmonia Mundi HMC 902163
1 h 19 min

mis en ligne le jeudi 12 juin 2014

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