Vendredi 19 avril 2024
Sur les sommets du contrepoint
L'organiste Benjamin Righetti en équilibre chez Jean Sébastien Bach
Triosonaten

Ce n’est pas l’orgue de la liturgie luthérienne que nous entendons ici, mais des pages moins sévères écrites par Bach pour lui-même et ses enfants. Si intention pédagogique il y a, cette ambition va bien au-delà de l’enseignement musical, et, dans ces sommets de l’écriture contrapuntique, Bach enseigne d’abord la liberté et l’audace : ces sonates à trois voix, qui annoncent le style galant italien, présentent des difficultés dont celles de nature technique ne sont pas les plus redoutables : il faut savoir allier sérénité, spontanéité, poésie, espièglerie, dans ces trios que Carl Philip Emmanuel Bach considérait comme « parmi les meilleurs travaux de feu mon cher père. » Comment Benjamin Righetti affronte-t-il de tels défis ? On le sent plus à l’aise dans les mouvements lents, ces adagios qu’il rend séraphiques par un jeu clair et serein des trois voix. Dans les mouvements où Bach laisse libre cours aux plein jeux en tutti, l’équilibre des voix est moins assuré, avec des aigus qui palissent en force et en articulation face aux basses claquantes des orgues suisses allemands, pourtant bien adaptés à ce registre, souvent qualifié de préromantique. Il en résulte une interprétation que l’on voudrait moins mesurée, plus spontanée, comme celle de Marie-Claire Alain, par exemple, ce qui n’empêche cependant ce disque d’être un compagnon musical tout à fait fréquentable.
Albéric Lagier

Sonates en trio BWV 525 à 530
Benjamin Righetti (orgue) (Orgues Felsberg de Lausanne, Saint Légier et Neuchatel)
1 CD K617 (2009)
1 h 21 min

mis en ligne le samedi 23 octobre 2010

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