Jeudi 18 avril 2024
Romantisme contrôlé
Jean-Guihen Queyras et les angoisses d'Elgar
Edward Elgar - Cello Concerto

Alors ? Romantique ou pas, le concerto pour violoncelle d’Elgar ? Euh… ça dépend. En 1919, l’année de sa composition, l’heure n’est plus au romantisme, mais le soulagement qui suit la fin de la Grande Guerre laisse les sentiments s’épancher. On les entend dans le premier mouvement, tandis qu’on perçoit par la suite les inquiétudes d’un compositeur qui pressent le basculement du monde, conséquence du conflit mondial. Jean-Guihen Queyras préfère l’inquiétude au sentiment, joue avec un minimum de vibrato et un côté feutré, constamment contrôlé, comme pour fuir le caractère élégiaque. C’est ainsi qu’après un premier mouvement un peu trop cérébral et plutôt décevant, il traduit bien les angoisses qui percent à la fin de l’œuvre. Ce parti pris convient parfaitement aux Variations rococo de Tchaïkovski, dont il interprète la version d’origine, et non celle, plus souvent jouée, qui a été « arrangée » par Wilhelm Fitzenhagen, collègue du compositeur au Conservatoire de Moscou, pour rendre plus brillante la partie du violoncelliste qu’il était. Bien épaulé par Jirí Belohlávek, Jean-Guihen Queyras entraîne alors cette suite pour violoncelle et orchestre loin des aspects pompiers qu’elle suscite parfois, lui donne une vigueur et une profondeur séduisantes, à défaut peut-être d’être totalement slaves.
Gérard Pangon

Edward Elgar : Concerto pour violoncelle – Antonín Dvorák : Rondo op.94 ; Klid op.68/5 – Piotr Tchaikovski : Variations sur un thème rococo
Jean-Guihen Queyras (violoncelle)
BBC Symphony Orchestra
Direction musicale : Jirí Belohlávek
1 CD Harmonia Mundi HMC 902 148
1 h 01 min

mis en ligne le mardi 3 décembre 2013

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