Jeudi 25 avril 2024
Rires et châtiments
Le tragicomique russe, version Shchedrine
The Left-Hander

Parmi les compositeurs russes d’aujourd’hui, Rodion Shchedrine (ou Chtchedrine) profite de l’attention particulière de Valery Gergiev (voir ici). Pas étonnant donc que cet opéra, écrit pour l’ouverture de la deuxième salle du Mariinski, soit dédié au chef auquel il fallait bien un sujet russe pour l’occasion. Après des opéras sur des thèmes pris chez Gogol (Les Ames mortes) et Nabokov (Lolita), Shchedrine s’attaque ici à Leskov. Le Gaucher est, aux dires du compositeur lui-même, un mélange typiquement russe où « la comédie côtoie la tragédie ». La dérision est toujours difficile à mettre en musique, mais Le Nez de Chostakovitch ou L’Amour des trois oranges de Prokofiev, dans la musique russe, pourraient servir de modèles. Shchedrine en est un digne héritier, même si, ici, le tragi-comique fonctionne moins bien que chez ses deux illustres prédecesseurs - sans compter que suivre le livret en russe aux caractères cyrilliques ne rend pas la tâche facile. La partition joue sur la diversité de styles et de techniques (les sonorités rauques de l’orchestre en opposition au choeur a capella ou les instruments traditionnels russes, par exemple) avec en plus un zeste de non-sense. Le résultat ressemble plus à un collage, dans lequel certains moments attirent l’attention par leur inventivité, qu’à un ensemble cohérent, mais Valery Gergiev et sa troupe ne sont pas avares de leur talent pour le mettre en valeur. L’enregistrement semble vraiment sur le vif et les applaudissements pendant la représentation n’ont pas été supprimés.
Pablo Galonce

Le Gaucher
Andrei Popov, Vladimir Moroz, Kristina Alieva, Edward Tsanga
Choeur et Orchestre du Théatre Mariinski de Saint-Pétersbourg
Direction musicale : Valery Gergiev
2 SACD Mariinsky MAR 0554
1 h 59 min

mis en ligne le mercredi 26 août 2015

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