Vendredi 29 mars 2024
Répétitions sans monotonie
Rinaldo Alessandrini et son clavecin malin
Chaconne

La question est grave : chaconne et passacaille, quelle différence ? Le principe est le même dans le deux cas, rappelle Rinaldo Alessandrini dans son texte : des danses en forme de variations sur une base invariable. C'est la forme baroque par excellence, mais aux XIXè et XXè siècles Brahms, Schoenberg, Britten ou Chostakovitch, pour ne citer qu'eux, l'utiliseront encore avec imagination. Dans la littérature pour clavecin, le musicien a trouvé de quoi remplir un disque intrigant d'abord par son programme. Il peut même aller jusqu'à Ligeti (qui a laissé parmi ses pages pour clavecin une « Passacaglia ungherese ») et... Alessandrini, qui a donné à sa propre chaconne un joli titre : Déraisonnable beauté. Ce petit florilège aurait pu devenir une simple collection de morceaux mais le claveciniste les a choisi justement très différents pour mieux montrer les possibilités de la forme. La difficulté pour lui, c'est justement d'enfiler ces pages basées sur la répétition sans jamais se répéter lui-même. Espagnoles, françaises, allemandes ou italiennes, elles partagent un air de famille sans que la ressemblance devienne monotonie grâce à un jeu souple. Tout sauf un musicien démonstratif, Alessandrini est un interprète d'une telle intelligence qu'il réussit à nous faire oublier ses limites techniques. Même les allergiques au clavecin seront convaincus.
Pablo Galonce

Oeuvres de Frescobaldi, Cabanilles, Storace, Couperin, Kerll, Purcell, Ligeti, Muffat, Dagincourt, Fischer, Haendel, Forqueray et Alessandrini
Rinaldo Alessandrini (clavecin)
1 CD Naïve OP 30468
1 h 13 min

mis en ligne le samedi 10 juillet 2010

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.