Vendredi 29 mars 2024
Rattle et Berlin : entente cordiale
Des symphonies de Brahms dans la tradition
 
Le même, pas pareil
Brahms sans sa barbe blanche
Symphonie n° 3
Les quatre Symphonies

« Pourquoi ajouter ma petite contribution à l’énorme discographie des Symphonies de Brahms ? » confie Simon Rattle en 1980 au Monde de la Musique. Trente ans plus tard, le directeur musical du Philharmonique de Berlin n’hésite pas à le faire, et en live encore. « La réunion de l’approche iconoclaste de Rattle et du son unique de l’orchestre, » vante la pochette. Les musiciens ne sont plus ceux de Karajan, mais le son demeure, en effet : profond, soyeux, raffiné, et superbement enregistré. Quant à Rattle, qui n’aime rien tant que redécouvrir des répertoires inattendus, il affronte là la musique même où l’on attend le successeur de Furtwängler, de Karajan et d’Abbado. Iconoclaste ? Pas vraiment. Son Brahms est lyrique, sans fioritures ni pâmoisons, sans métaphysique non plus. Classique dans la forme et romantique dans le fond, ce qui va bien à ces quatre chefs-d’œuvre de maturité (Brahms a quarante ans quand il s’attèle à la Première, osant enfin affronter l’ombre de Beethoven). Ce qui lui manque, pour être mémorable, c’est le sens de la progression « organique » de la musique, cette façon de faire naître chaque thème, chaque timbre du précédent, de réinventer le cheminement du compositeur dans la forêt sonore. La Première et la Quatrième s’en sortent bien, l’une sensuelle et animée, l’autre parée d’éclairages variés. Les Deuxième et Troisième sont plus lâches, plus vagabondes : on s’y perd, et même on s’y ennuie un peu. Pour s’en tenir à la dernière intégrale en date, celle en cours de John Eliot Gardiner (on attend la Quatrième Symphonie) est imparfaite, par moments irritante, mais tellement plus étonnante.
François Lafon

Les quatre Symphonies
Orchestre Philharmonique de Berlin
Direction musicale : Simon Rattle
3 CD EMI (2009)
2 h 45 min

mis en ligne le lundi 22 février 2010

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