Vendredi 29 mars 2024
Puccini comme au cinéma
Un exemple réussi de Regietheater à l’anglaise
Il Trittico

Avec le metteur en scène Richard Jones, dont les Parisiens vont revoir cette saison l’intelligent Enfant et les sortilèges (Palais Garnier, janvier 2013), les trois versions de la vie que sont les trois opéras constituant le Triptyque de Puccini deviennent des archétypes du regietheater à l’anglaise : fait divers chez les mariniers (Il Tabarro) revu par Ken Loach, mal d’enfant au couvent (Suor Angelica) façon Michael Haneke, escroquerie à Florence (Gianni Schicchi) dans le viseur d’un Dino Risi. Pas aussi fin que le Triptyque donné à cet hiver à Lyon (chaque volet associé à un ouvrage contemporain), mais assez bien vu. Des images restent, comme Sœur Angélique transfigurée en reconnaissant son fils parmi les petits malades de l’hôpital où elle est infirmière. Antonio Pappano est chez lui dans ces musiques flirtant (discrètement) avec les nouveautés du siècle, et les chanteurs, bien dirigés, échappent aux tics toujours en cours dans l’opéra italien. Aucun d’entre eux ne « se la joue perso », mais aucun non plus ne brûle les planches, même pas les très musclés Eva-Maria Westbroek et Aleksandrs Antonenko dans Il Tabarro. Dommage aussi pour Ermonela Jaho qui, avec un timbre moins pâle, serait une belle Sœur Angélique.
François Lafon

Il Trittico : Il Tabarro ; Suor Angelica ; Gianni Schicchi
Il Tabarro : Eva-Maria Westbroek (Giorgetta), Alexandrs Antonenko (Luigi), Lucio Gallo (Michele) - Suor Angelica : Ermonela Jaho (Angelica), Anna Larsson (La Principessa) - Gianni Schicchi : Lucio Gallo (Schicchi), Francesco Demuro (Rinuccio), Ekaterina Surina (Lauretta)
Choeurs et Orchestre du Royal Opera House, Covent Garden
Direction musicale : Antonio Pappano
Mise en scène : Richard Jones
Réalisation : Francesca Kemp
3 DVD Opus Arte OA 1070 D
3 h 10 min

mis en ligne le dimanche 2 septembre 2012

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