Vendredi 19 avril 2024
Prison de l'amour
A Bayreuth, pas de romance pour l'anniversaire de Tristan et Isolde
Tristan und Isolde

A Bayreuth en 2015, Katarina Wagner, descendante de … et directrice du festival, a eu le Tristan méchant. Pour le 150ème anniversaire de l’ouvrage, plus de philtre d’amour mais un adultère recherché, plus de mansuétude chez le mari trompé mais une punition dure de la femme infidèle, le tout dans un univers carcéral - labyrinthe où l’on se perd et cellule d’où l’on ne s’échappe qu’en rêve, énième variation dramaturgique sur un chef-d’œuvre à toute épreuve. L’amour comme seul remède, mais à quel prix ! A l’écran, cette grisaille claustrophobe est à la fois gommée et accentuée, les visages restant seuls signes de vie. Mais si celui d’Evelyn Herlitzius (l’Elektra de Patrice Chéreau) est extraordinairement expressif, celui de Stephen Gould l’est moins, leur union fatale se faisant surtout par la voix, déchirée pour la première, athlétique pour le second. Autour d’eux, le meilleur – Georg Zeppenfeld, roi Marke de grand style – et le plus commun – Iain Paterson, écuyer gris comme le décor, et Christa Mayer, suivante ne se réveillant que pour ses « appels » du 2ème acte. Imperturbable dans la fosse, Christian Thielemann ne joue pas la cohérence entre l’œil et l’oreille, et met en valeur la ductilité de son orchestre.
François Lafon

Tristan und Isolde
Stephen Gould (Tristan), Evelyn Herlizius (Isolde), Georg Zeppendfeld (Marke), Iain Paterson (Kurwenal), Christa Mayer (Brangaene), Raimund Nolte (Melot)
Choeur et Orchestre du festival de Bayreuth
Direction musicale : Christian Thielemann
Mise en scène : Katharina Wagner
Réalisation : Michael Beyer
2 DVD Deutsche Grammophon 073 5251
4 h 25 min

mis en ligne le samedi 20 août 2016

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