Mardi 16 avril 2024
Paradoxal coup de jeune
Christian Thielemann revendique un Brahms sans dogmatisme
Brahms : les 4 Symphonies

En se posant comme le dépositaire allemand d’une tradition allemande véhiculée par des orchestres allemands, Christian Thielemann se dispense des récentes recherches musicologiques pour diriger Brahms, Beethoven ou Mendelssohn. Dans la longue analyse qu’il fait des Symphonies de Brahms en annexe de cet enregistrement vidéo, il se fie à son intuition, évoque l’hiver à Hambourg et la rigueur protestante pour justifier – ou plutôt définir – son interprétation. Force est de reconnaître que la Staatskapelle de Dresde, dont il est le directeur depuis 2012, est idéale pour jouer cette musique et que l’on sent moins ici que dans Beethoven ou Wagner sa volonté de s’inscrire dans la lignée démiurgique de Wilhelm Furtwängler ou Hans Knappertsbusch. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne se permet pas de libertés furtwängleriennes : « Dans tel mouvement, explique-t-il, les fluctuations de tempo sont indispensables. » « Les quatre Symphonies ont chacune leur univers propre, » dit-il aussi. Ce n’est pas, a priori, l’impression qu’on a : filmé à Tokyo (n° 1 – 3) dans le cadre moderne de l’auditorium de la NHK et à Dresde (n° 2 - 4) sur le plateau du Semperoper, l’ensemble sonne très unitaire. Il n’y a pourtant rien de monolithique dans ce Brahms d’un autre temps, mais une souplesse, une fluidité, une sensibilité qui le sauvent du dogmatisme et lui donnent un paradoxal coup de jeune.
François Lafon

Les 4 Symphonies
Staatskapelle Dresden
Direction musicale : Christian Thielemann
Réalisation : Yoko Ishida ; Henning Kasten
3 DVD Unitel Classica 715108
4 h 20 min

mis en ligne le lundi 31 mars 2014

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