Mardi 23 avril 2024
Néoclassique, ou néo-néoclassique ?
Roger Norrington met Stravinsky en abyme
Suite L\'Histoire du soldat - Dumbarton Oaks - Danses concertantes

Stravinsky dans sa période néoclassique dirigé par Roger Norrington, spécialiste du style classique : une idée qui, a priori, tombe sous le sens. Mais si « Dumbarton Oaks » (1938) et les Danses concertantes pour orchestre de chambre (1942) sont bien des « à la manière » du concerto grosso et de la suite de danses, ils font référence à la vision "machine à coudre" que l’on avait de ce répertoire avant la vague baroqueuse (ou, si l’on peut dire, classiqueuse) dont Norrington est un des champions. Cela donne une interprétation à la fois aérienne et péremptoire, fondée sur l’idée qu’aurait pu avoir Stravinsky du style classique s’il avait vécu de nos jours : une double mise en abyme d’autant plus étonnante que Norrington obtient de l’Orchestre de Chambre de Zürich, dont il est le directeur musical depuis 2011, le brillant, voire la sécheresse des London Classical Players, son ensemble d’instruments anciens. Le résultat, cela dit, est plus proche des interprétations jusqu’au-boutistes de Stravinsky lui-même (lequel, via le néoclassicisme, contestait la notion même d'interprétation) ou de son alter-ego Robert Craft que de celle des chefs qui, tels Colin Davis, mettent du sentiment dans cette musique anti-sentimentale. Pas encore néoclassique (1924), la suite tirée du mimodrame L’Histoire du soldat trouve chez Norrington et ses musiciens la fausse naïveté qui la rend inimitable. Belle prise de son, précise et naturelle.
François Lafon

Suite L'Histoire du soldat ; Dumbarton Oaks ; Danses concertantes
Orchestre de Chambre de Zürich
Direction musicale : Roger Norrington

mis en ligne le vendredi 18 octobre 2013

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