Jeudi 28 mars 2024
Morceaux de bravoure
Yulianna Avdeeva, pianiste sans peur et (presque) sans reproche
Yulianna Avdeeva - Chopin - Schubert - Prokofiev

Schubert, Chopin : deux compositeurs que Prokofiev aimait jouer en concert, en plus de ses propres œuvres. A entendre Yulianna Avdeeva, on comprend pourquoi, pour sa carte de visite discographique (elle a 29 ans), elle a choisi ces trois-là : dotée d’une technique de fer, d’une personnalité flamboyante et d’une assurance apparemment sans faille, cette lauréate du Concours Chopin de Varsovie – la première femme depuis Martha Argerich – ne fait qu’une bouchée des trois Klavierstücke D. 946 du premier, des 24 Préludes du deuxième et de la n° 7, la plus célèbre des trois « Sonates de guerre » du troisième. Pas vraiment d’attendrissement dans Schubert, ni de « mélancoliques rêveries » (dixit Berlioz) dans Chopin, plutôt un sens du drame maîtrisé, finement modulé, mais qui la conduit plus souvent à frapper le clavier qu’à le caresser. Au centre du récital, la Sonate de Prokofiev la trouve évidemment dans son élément. Elle y évite les cataclysmes de Vladimir Horowitz et les dérapages de Samson François pour s’attacher, dans la lignée du créateur Sviatoslav Richter, à en mettre en valeur le mélange de violence et de lyrisme et à en faire ressortir l’extraordinaire architecture, sans parvenir toujours, là non plus, à tempérer sa propension à agresser le clavier.
François Lafon

Franz Schubert : Trois Klavierstücke D. 946 – Serge Prokofiev : Sonate pour piano n° 7 – Frédéric Chopin : 24 Préludes
Yulianna Avdeeva (piano)
2 CD Mirare MIR 252
1 h 31 min

mis en ligne le mardi 9 septembre 2014

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