Jeudi 25 avril 2024
Métaphysique, mais pas trop
Moby-Dick à l’opéra, pari plutôt réussi de Jake Heggie
Moby-Dick

En cédant à la tentation d’adapter Hermann Melville à l’opéra, Benjamin Britten s’est – si l’on peut dire – arrêté à la nouvelle Billy Budd. Le compositeur américain Jake Heggie, lui, n’a pas eu peur de Moby-Dick, chef-d’œuvre tentaculaire et shakespearien, roman d’aventure et étude des cétacés, mais surtout fresque métaphysique aux prolongements infinis. De Dallas (création en 2010) à San Francisco, où le spectacle a été filmé en 2012, ce Moby-Dick de deux heures vingt clés en main a séduit et l’on comprend pourquoi : le livret de Gene Scheer est habile sans être trop réducteur, la mise en scène de Leonard Foglia manie superbement l’élément aquatique (projections virtuoses) et rend bien le huis-clos physique et mental qu’est le combat du capitaine Achab affrontant la Baleine blanche. Et la musique dans tout cela ? Eh bien elle ressemble à du Britten – précisément au Britten de Billy Budd – surtout pour ce qui est de la ligne de chant, la construction globale et l’orchestration prenant par moments des allures de musique de film que auxquels le compositeur du Tour d’écrou n’a jamais cédé. L’ensemble fonctionne d’autant mieux que les chanteurs jouent comme au cinéma, avec une mention spéciale pour l’impressionnant ténor Jay Hunter Morris, succédant dans le rôle d’Achab au créateur Ben Heppner.
François Lafon
 

Jack Heggie : Moby-Dick
Jay Hunter Morris (Achab), Stephen Costello (Greenhorn), Jonathan Lemalu (Queequeg) Talise Trevigne (Pip), Robert Orth (Stubb)
Choeurs et Orchestre de l'Opéra de San Francisco
Direction musicale : Patrick Summers
Mise en scène : Leonard Foglia
Réalisation : Frank Zamacona
2 CD San Francisco Opera 2059658
2 h 22 min

mis en ligne le samedi 7 juin 2014

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