Samedi 20 avril 2024
Mahler militant
Un Chant de la terre qui revient de loin
 
Le même, pas pareil
Mahler enchantant
James King et DFD dirigés par Leonard Bernstein
Le Chant de la terre

« Partout et éternellement l’horizon sera bleu éternellement, éternellement ». Dans l’Adieu, cet énorme lied qui termine Le Chant de la terre, la voix d’alto nous ramène au giron maternel. La version avec baryton nous en prive, surtout quand c’est Dietrich Fischer-Dieskau qui chante : legato parfait, mais un sort à chaque mot, nuances surlignées, couleurs vocales changeantes. On connaissait DFD jeune (1959, avec Paul Kletzki), dans le premier enregistrement masculin de l’œuvre, et en pleine maturité, en 1966 avec Leonard Bernstein. Le voilà, inédit, en 1964, en concert au Festival de Vienne, sous la baguette de Josef Krips, dont on se souvient surtout dans Mozart, mais dont le style viennois savait se faire véhément dans d’autres répertoires. Avec lui, Fritz Wunderlich, ténor mythique mort deux ans plus tard, à trente-six ans. Même remasterisée, la bande radio est rugueuse. Le son est très présent, mais comprimé, enfermé dans un espace trop étroit. Cela donne à cette symphonie avec voix à l’ambitus sonore large et aux contrastes marqués, un aspect militant, à une époque où Mahler n’était pas encore à la mode. Un album pour les (quelques) fans de Krips, alors, puisque les deux chanteurs ont participé à des enregistrements plus confortables de l’œuvre ? Pas seulement. Il se passe, dans ce témoignage sur le vif, quelque chose de dérangeant, que l’on ne trouve pas ailleurs.
François Lafon

Le Chant de la terre
Fritz Wunderlich (ténor), Dietrich Fischer-Dieskau (baryton)
Orchestre Symphonique de Vienne
Direction musicale : Josef Krips
1 CD Deutsche Grammophon 477 8988 8
1 h 03 min

mis en ligne le vendredi 24 juin 2011

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