Jeudi 28 mars 2024
Lindberg dans des ruines de Pompéi
Deux pages inégales du compositeur finlandais
Graffiti - Seht die Sonne

Original, le choix des textes de Magnus Lindberg pour Graffiti (2009), sa première œuvre avec chœur et orchestre, l’est : ce sont les inscriptions découvertes sur les murs calcinés de Pompéi. Décousues, indécentes, philosophiques, pessimistes, bien loin de Virgile, ces épigrammes se succèdent sasn fil conducteur, si ce n'est une vision complètement nihiliste de l’existence. Mais le plus déroutant, c’est la mise en musique : comme le Stravinsky d’Oedipus Rex et la Symphonie des psaumes, Lindberg donne dans le monumental - pour ne pas dire le pompier - qui s’accorde pourtant mal avec le ton souvent moqueur de ces vignettes… à moins qu’il ne s’agisse d’un trait d’humour finlandais difficile à saisir. Il faut passer ce péplum de l’absurde pour retrouver dans Seht die sonne (2007) le meilleur côté du compositeur qui a fait de l’orchestre son instrument de prédilection, de Kraft (1985) au Concerto pour violon (2006). Il se confirme à nouveau comme un maître de l’orchestre dans cette page créée par le Philharmonique de Berlin et Simon Rattle. Si le titre contient un hommage aux Gurrelieder de Schoenberg, c’est aux symphonies de Sibelius qu’on pense ici le plus souvent : un discours en perpétuelle évolution, un brio inépuisable, un souffle inextinguible porté avec virtuosité par Sakari Oramo et l’Orchestre de la radio Finlandaise.
Pablo Galonce

Graffiti - Seht die Sonne
Choeur de Chambre de Helsinki, Orchestre Symphonique de la Radio Finlandaise
Direction musicale : Sakari Oramo
1 CD Ondine ODE 1157-2
57 min

mis en ligne le mardi 11 mai 2010

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