Vendredi 29 mars 2024
Le Voyage d'hiver au féminin
Barbara Hendricks poursuit son itinéraire schubertien
Voyage d\'hiver

En créant son label personnel Arte Verum, en 2006, Barbara Hendricks a réalisé le rêve de bien des artistes en cette période de crise : faire ce qu’il lui plaît. Fidèle à elle-même, et indifférente à ceux qui lui reprochent depuis toujours sa médiatisation et son goût pour le cross over, elle y chante le blues et Pergolèse, Beethoven et des Noëls, Purcell et Granados. L’année dernière, tandis qu’elle sortait un enregistrement de La Belle Meunière avec Roland Pontinen au piano, elle s’essayait au Théâtre des Champs-Elysées au Voyage d’hiver, qui paraît aujourd’hui en album. Schubert lui va bien. Dans les années 1980, elle avait donné avec Radu Lupu deux récitals qui sont les sommets de sa discographie (EMI). Comme dans La Belle Meunière, sa musicalité, sa diction, son sens du récit sont intacts, mais le temps a passé : sa voix s’est raidie, son timbre a perdu la couleur argentée qui l’a rendue célèbre. A l’écoute du Voyage d’hiver, l’émotion est là, pourtant, en dépit de la neutralité du pianiste Love Derwinger, et c’est au fond l’essentiel dans cette histoire d’hommes que des femmes de la trempe de Lotte Lehmann ou Christa Ludwig ont mise à leur répertoire. Comme l’écrit Amélie Nothomb en exergue de ce nouvel album : « Quand on l’écoute, on ne se soucie pas que cette voix soit celle d’une femme : elle est émotion pure. Tout être qui a connu la souffrance de l’amour – tout le monde donc – y retrouve le son intérieur de son trouble ».
François Lafon

Voyage d'hiver
Barbara Hendricks (soprano), Love Derwinger (piano)
1 CD Arte Verum ARV-010
1 h 11 min

mis en ligne le mercredi 12 octobre 2011

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