Jeudi 28 mars 2024
Le temps détendu
Mantovani à l'ombre des grands ancêtres
Time Stretch

Le compositeur français Bruno Mantovani, né en 1974, ne craint pas de se réclamer de grands ancêtres : Bartok pour son Concerto pour deux altos et orchestre (2007-2008), Gesualdo pour Time Stretch pour orchestre (2005), Debussy pour Finale également pour orchestre (2007). En ce qui concerne Bartok (auteur d’un concerto pour alto) et Debussy (Finale fait appel à une flûte soliste, sorte de référence à L'Après-midi d'un faune), cela peut s’expliquer, mais la clarinette soliste de Time Stretch n’évoque en rien Gesualdo. Chez ce madrigaliste, Mantovani est intéressé à la fois par le chromatisme et - paradoxalement - par une harmonie dépourvue de pôles d’attraction, dotée d’accords consonants « dont on ne sait d’où ils viennent ». Fort heureusement, il ne cultive pas le démarquage dans les deux autres partitions non plus. Il s’attache également au problème de la grande forme. To stretch signifie « étendre », « déployer », et dans l’œuvre de 2005, « l’harmonie se fige pendant de longs moments ». Quant au Concerto pour deux altos, en un seul bloc, il ne dure pas moins de 38 minutes, avec cadence non à la fin mais dès le début, puis au centre. Mais l’attention se maintient. Spécialement dans ce Concerto et dans Time Stretch, sans céder à la facilité, Mantovani sait ménager les contrastes, avec à l’orchestre de violentes décharges de cuivres. De quoi bien servir la musique d’aujourd’hui.
Marc Vignal

Concerto pour deux altos et orchestre - Time Stretch - Finale
Tabea Zimmermann et Antoine Tamestit (altos)
Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Direction musicale : Pascal Rophé
1CD Æon AECD 1102
1 h 10 min

mis en ligne le jeudi 28 juillet 2011

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