Jeudi 28 mars 2024
Le géant déboulonné
David Zinman met Brahms à la diète
Symphonie 1-4

 David Zinman n’est pas de ces chefs qui prennent de l’embonpoint avec l’âge. Au disque au moins, il affiche une ligne de plus en plus fine. Son Beethoven aérien avait été un choc, son Mahler à l’esprit chambriste avait confirmé qu’il est décidément un musicien perspicace. La réussite de ces interprétations tenait en bonne partie à la relation très particulière que le chef a su établir avec les musiciens de la Tonhalle de Zurich et, puisqu’on parle de disques, à une prise de son qui met en valeur son travail sur le détail. Contrairement aux intégrales des symphonies de Beethoven et Mahler, réalisées en studio, les quatre symphonies de Brahms ont été captées sur le vif, mais les qualités techniques de l’enregistrement sont les mêmes. L’image globale de l’orchestre est parfaitement restituée mais on y entend une palette de nuances très variée. Svelte n’est pas l’adjectif qui vient d’emblée à la tête pour définir ces œuvres, et pourtant Zinman n’a de cesse d’alléger et de rendre plus transparente cette orchestration qui peut si facilement devenir étouffante. Surtout il souligne la richesse rythmique et fait sonner la Tonhalle d’une manière très chambriste même dans les mouvements les plus denses comme le finale de la Troisième ou la Quatrième symphonies. Aminci dans le poids, mais pas dans la densité du discours, ce Brahms est moins titanesque que subtil, moins monumental que complexe. Moins frissonnant aussi : à force de garder les équilibres, Zinman est très pudique. Pour mettre Brahms à une hauteur humaine ?
Pablo Galonce

Les Quatre symphonies
Tonhalle Orchestra Zurich
Direction musicale : David Zinman
3 CD RCA Red Seal
2 h 46 min

mis en ligne le jeudi 8 décembre 2011

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.