Jeudi 28 mars 2024
Le dehors et le dedans
David Kadouch ouvre son piano à quatre vents
En plein air

Tandis que la Folle Journée nantaise 2016 célèbre la Nature, David Kadouch installe son piano en plein air. En exergue, l’artiste cite Les Testaments trahis de Milan Kundera : « Comme si le pleur d’une âme ne pouvait être consolé que par la non-sensibilité de la nature ». Une bonne définition en effet de son talent singulier : qu’il joue Bach attendri avec distance dans le Capriccio sur le départ de son frère bien-aimé ou Schumann peuplant d’ombres inquiétantes ses Scènes de la forêt, Janacek plongeant Dans les brumes ou Bartok ressuscitant En plein air l’âme magyare menacée d’oubli, il joue en cinéaste du gros-plan et du plein cadre, du zoom et du travelling, justifiant et rendant en même temps incongrue la présence de son piano dans l’herbe (rien à voir avec Françoise Sagan). On peut lui reprocher cet aspect cérébral, tempéré cependant par un sens des styles et des couleurs, un délié dans les phrasés qui éclairent sans temps faibles quatre univers on ne peut plus différents.
François Lafon

Bach : Capriccio « sopra la lontananza del fratello dilettissimo » – Schumann : Waldszenen – Janacek : Dans les brumes – Bartok : En plein air
David Kadouch (piano)
1 CD Mirare MIR 274
1 h 02 min

mis en ligne le lundi 15 février 2016

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