Vendredi 29 mars 2024
L'Orphée de Gluck en version française
Juan Diego Florez en divo ancien régime
 
Le même, pas pareil
Un Orphée en pur Louis XVI
Richard Croft, Mireille Delunsch dirigés par Marc Minkowski
Orphée et Eurydice

Juan Diego Florez le rossinien dirigé par Jesus Lopez Cobos le verdien avec un orchestre d’instruments modernes. Aie, aie, l’Orphée de Gluck subit là une cure de débaroquisation. Mais attention : c’est de la version parisienne (1774) qu’il s’agit, avec un ténor remplaçant le castrat d’origine (les Français riaient des castrats tout en s’apitoyant sur leur sort) et une partition étoffée, tenant du style galant en faveur à Paris mais annonçant en même temps la « réforme » que Gluck lancera deux ans plus tard et qui visera à débarrasser l’opéra des artifices baroques. C'est-à-dire que nous sommes déjà loin de la version originale viennoise (1762), mais plus loin encore de la version romantique concoctée par Berlioz en 1859. C’est avant tout parce que Lopez-Cobos tient compte de tout cela, qu’il a beaucoup écouté les baroqueux sans brider pour autant son instinct de chef de théâtre, que cet enregistrement n’est pas seulement une occasion de mettre Juan Diego Florez en valeur. Car c’est bien sûr pour lui que cette version de concert, donnée à Madrid, a été enregistrée. Si l’Orphée français fait peur aux ténors, c’est parce qu’il est très aigu, surtout lorsque le diapason est moderne, c'est-à-dire réglé plus haut qu’il ne l’était à l’époque. Comme Leopold Simoneau et Nicolaï Gedda, ses prédécesseurs les plus connus, Florez y atteint ses limites. Il chante souvent en force là où la musique réclame du moelleux et sur-articule le texte dans le but (louable) d’être compris jusque dans les passages les plus tendus. Mais il a la fougue du personnage, et bien sûr sa virtuosité. A ses côtés, Ainhoa Garmendia donne à Eurydice de bien jolis accents. Les florezomanes peuvent suivre leur idole : cet Orphée n’est pas un monstre stylistique.
François Lafon

Orphée et Eurydice
Juan Diego Florez (Orphée), Ainhoa Garmendia (Eurydice), Alessandra Marianelli (l’Amour)
Chœurs et Orchestre du Teatro Real de Madrid
Direction musicale : Jesus Lopez Cobos
2 CD Decca 478 2197
1 h 45 min

mis en ligne le lundi 12 avril 2010

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