Jeudi 28 mars 2024
Irréductible étrangeté
Valery Gergiev à l’assaut des Symphonies de Szymanowski
Symphonies n° 1 et 2

Pour classer l’inclassable Karol Szymanowski, on donne dans la comparaison. Par exemple ses deux premières Symphonies (1907-1911) relèvent-elles d’une première période (il n’avait pas trente ans) influencée par Wagner, Strauss, Reger et le jeune Schönberg, et toute son œuvre est à mettre en parallèle avec celle, touffue et mystique, de Scriabine. Ceci posé, ces béquilles ne sont pas très utiles face à l’étrangeté de sa musique. Lors d’une série de concerts (dont cet enregistrement est issu) l’année dernière avec le Symphonique de Londres, Valery Gergiev a confrontée ses Symphonies à celles de Brahms, ouvrant par là d’autres perspectives encore. Szymanowski a renié la première, qu’il qualifiait de « monstre contrapuntico-harmonico-orchestral », et que Gergiev tente de faire décoller avec l’énergie un peu rustique qu’on lui connaît. Le chef est en revanche plus raffiné face à la deuxième, foisonnante elle aussi, mais mieux maîtrisée, avec ses variations complexes et son mélange d’archaïsme et de références aux menuets et gavottes du passé. On l’attend dans les chefs-d’œuvre à venir, la somptueuse troisième Symphonie « Chant de la nuit » et la quatrième, « Symphonie concertante » avec piano, dédiée à Arthur Rubinstein. 
François Lafon

Symphonies n° 1 et 2
London Symphony Orchestra
Direction musicale : Valery Gergiev
1 SACD LSO Live LSO0731
47 min

mis en ligne le dimanche 11 août 2013

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