Vendredi 19 avril 2024
Haendel qui rit, Haendel qui grince
Agrippina, un grand rôle … de chef pour René Jacobs
Agrippina
Peut-être – mais pas seulement – parce qu’il a lui-même été chanteur, et pas des moindres, René Jacobs continue à tenir le premier rôle dans les opéras qu’il dirige. Avec l’Agrippina de Haendel, il s’en donne à cœur joie : rien à voir, dans cet ouvrage composé à vingt-quatre ans par un jeune Saxon résolu à s’imposer en Italie dans l’opéra italien, avec les imposants chefs-d’œuvre donnés plus tard à Londres par le même Saxon devenu le premier des musiciens anglais. Rapide de ton (3 h 25 de musique, quand même !) et svelte d’écriture, Agrippina est une sorte de prélude au Couronnement de Poppée de Monteverdi, une comédie grandiose sur les coulisses du pouvoir, où les grands en prennent pour leur grade, ce qui, en cette période de crise, nous paraît plus que jamais d’actualité. Comme toujours, Jacobs s’est entouré de partenaires capables de répondre au moindre de ses désirs : une Akademie für Alte Musik impeccable et des personnalités vocales aguerries, à commencer par Alexandrina Pendatchanska, dont le timbre étrange et l’hystérie latente sont ici tout à fait en situation, et Bejun Mehta, particulièrement en forme dans le rôle d’Ottone, le seul personnage épargné par la corruption ambiante. Ceux qui chérissent (à juste titre) l’enregistrement de John Eliot Gardiner trouveront dans celui-ci des variantes et des ajouts qui en rendent l’écoute encore plus savoureuse.
François Lafon
Agrippina
Alexandrina Pendatchanska (Agrippina), Sunhae Im (Poppea), Bejun Mehta (Ottone), Jennifer Rivera (Nerone), Marcos Fink (Claudio), Dominique Visse (Nago Narcisso)
Akademie für Alte Musik Berlin
Direction musicale : René Jacobs
3 CD Harmonia Mundi HMC 902088.90
3 h 23 min
mis en ligne le lundi 28 novembre 2011
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deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.
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