Musikzen

Jeudi 25 avril 2024

Ferveur et douceur

Du Vierne chambriste fidèlement interprété

Judith Ingolfsson, Vladimir Stoupel - Louis Vierne

Louis Vierne (1870-1937) est surtout connu en tant qu’organiste - élève de Widor, titulaire des orgues de Notre-Dame de Paris pendant 37 ans. Compositeur pour l’orgue, il laisse cependant une œuvre plus nombreuse encore pour le chant, la symphonie et la musique de chambre, dont une Sonate pour violon et piano, op.23 (1905-1907) ainsi qu’un Quintette pour piano et cordes op. 42 (1918). La première, écrite alors que sa santé, déjà fragile, se détériore encore, est dédiée à Eugène Ysaïe, et la seconde, à son fils mort à la guerre. Rien de gai, donc, mais il ressort de ces ceux deux partitions sereines et lumineuses, dont le quintette constitue un sommet, autant relatif qu’absolu, de la production de l’école française de la musique de chambre. Ces deux œuvres expriment une sensibilité à fleur de peau, faite d’un mélange de ferveur et de douceur qui fait la marque de fabrique de Louis Vierne, une élégance que la culture française revendique, depuis l’ère baroque, comme étant son essence même. La qualité de l’écriture, la maîtrise du contrepoint et de l’harmonie – en cela, l’école de l’orgue est bonne formatrice – ajoute au charme et à l’intérêt des œuvres de Vierne. Si César Franck n’est pas loin, Vierne le devance souvent, avec fermeté et sans pathos. Judith Ingolfsson (violon) et Vladimir Stoupel (piano), réputés dans le répertoire français de cette époque, jouent avec subtilité ces deux œuvres, mais la prise de son de la Sonate ne rend pas justice au piano, en retrait. Ce défaut n’est pas perceptible dans le quintette.

Albéric Lagier

Pour une autre version du Quintette, c'est par ici

Sonate pour violon et piano, op.23 ; Quintette pour piano et corde op. 42

Judith Ingolfsson (violon), Vladimir Stoupel (piano), Rebecca Li (violon), Stefan Fehlandt (alto), Stefan Forck (violoncelle)

1 CD Accentus Music ACC 303712

1 h 16 min

mis en ligne le mercredi 25 mai 2016