Jeudi 28 mars 2024
Fauré au grand air
Un programme de mélodies dépouillées
La chanson d'Eve

La mélodie française, admirée et moquée. Admirée parce qu’elle marque l’apogée de l’art du bien dire, de l’expression raffinée, de la litote. Moquée parce qu’elle est le refuge des chanteurs sans voix et des jeunes filles sentimentales, parce qu’elle sent le salon mondain et les plantes en pot. Il est même de bon ton de préciser que, chez Fauré, qui en a composé plus de cent, on préfère la musique de chambre, l’œuvre de piano, bref, tout sauf les mélodies. Avec Mireille Delunsch, comédienne-chanteuse capable, à l’opéra, de se lancer dans des rôles périlleux pour sa voix, mais à la mesure de son tempérament dramatique, pas d’œillades ni de minauderies. Il faut dire qu’elle chante ici les deux cycles les moins salonnards de l’organiste de la Madeleine, datant de l’époque (les années 1910) où celui-ci déclarait : «  La simplicité nue, par le temps qui court, est ce qu’il y a de plus difficile à imaginer. » Ils sont tous deux composés sur des poèmes furieusement symbolistes du poète belge Charles van Lerberghe, et on ne peut pas dire que ce soient les textes qui aient le mieux vieilli. Cela tombe bien, car Mireille Delunsch n’insiste pas sur l’articulation. Dans les six mélodies isolées et les trois chansons sentimentales de Poèmes d’un jour (1878), la chanteuse d’opéra refait son apparition, discrètement, comme en un clin d’œil. Marie-Josèphe Jude met beaucoup de couleurs dans son piano, ce qui est au fond très fauréen.
François Lafon

La Chanson d’Eve – Le Jardin clos – Poèmes d’un jour
Mireille Delunsch (soprano), Marie Josèphe Jude (piano)
1 CD Lyrinx LYR 22 57
1 h 05 min

mis en ligne le dimanche 21 février 2010

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