Jeudi 18 avril 2024
Eusebius plutôt que Florestan
Schumann, pas si évident pour Nelson Goerner
 
Le même, pas pareil
Alfred Cortot, la force tranquille
Kreisleriana - Études symphoniques - Toccata

Hier dans Debussy (voir ici), Nelson Goerner a fait mouche. Aujourd’hui dans Schumann, il est un peu moins convaincant. Egale complexité, mais mystère différent : à l’insaisissable dessin debussyste s’oppose l’aveu discontinu schumannien. Son Schumann s’explique sans doute par la façon dont il a, dans les Etudes Symphoniques, réintroduit les cinq Etudes posthumes, écartées par le compositeur parce que, probablement, leur caractère rêveur aurait nui à l’aspect conquérant de l’ensemble (toujours Florestan le vaillant contre Eusebius le contemplatif, les doubles de Schumann). A la différence de nombre de ses confrères, qui les disséminent dans le discours, il les a réunis en milieu de parcours, comme pour mieux faire contraste à cet « hymne à la joie douloureuse des forts », selon le critique Marcel Beaufils, mais peut-être aussi parce qu’il y est plus à l’aise que dans les très schumanniens micro-drames lancés à tombeau ouvert. Même démarche dans les Kreisleriana (du nom de Kreisler, le musicien fou imaginé par Hoffmann), où sous ses doigts, les parties « Eusebius » (quatre sur les huit) prennent le pas sur les parties « Florestan ». C’est là que l’on retrouve le « son Goerner », imparable dans Chopin et Debussy, fidèlement restitué par les micros de Franck Jaffrès. Pas étonnant que la Toccata, voulue par Schumann comme la pièce la plus virtuose de tous les temps, ne soit pas le point fort du récital.
François Lafon

Kreisleriana - Études symphoniques - Toccata
Nelson Goerner (piano)
1 CD Zig-Zag Territoires ZZT 352
1 h 11 min

mis en ligne le vendredi 26 décembre 2014

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