Samedi 20 avril 2024
Entre les deux mon cœur balance
Ophélie Gaillard et les musiques juives, entre fougue et méditation
Exiles

Dans le livret qui accompagne cet album, Ophélie Gaillard parle de son « violoncelle bourlingueur, si amateur de métamorphoses. » On ne saurait mieux dire : de Bach à Britten en passant par Boccherini, Schumann, Vivaldi, Brahms ou Piazzolla, la violoncelliste a touché à tous les répertoires avec le même entrain, plus à l’aise dans la séduction immédiate que dans l’intériorité rêveuse. La voici dans une tout autre entreprise sur les traces de compositeurs exilés dont les œuvres évoquent leurs racines comme le magnifique Schelomo (Salomon) d’Ernest Bloch, traduction musicale du « Tout est vanité » de l’Ecclésiaste. Plutôt que de forcer sur le côté sombre, Ophélie Gaillard choisit la légèreté, les frôlements plus que les coups et donne, avec un orchestre en retrait qui joue sur le même mode, une version intérieure et déchirante de cette Rhapsodie hébraïque. Elle ne saurait pourtant continuer sans montrer l’autre face de son talent, et le Concerto pour violoncelle d’Erich Wolfgang Korngold le lui permet. Elle joue « extérieur » cette partition que le Viennois, exilé à Hollywood, composa pour le film d’Irving Rapper Deception, avec Bette Davis, elle table sur le charme évident, et détend l’atmosphère, avant de revenir à la méditation avec les mélodies From Jewish Life bientôt contrebalancées par les musiques traditionnelles juives à la fougue nostalgique.
Gérard Pangon

Bloch : Schelomo ; From Jewish Life (Prayer, Supplication, Jewish Song) – Korngold : Concerto pour violoncelle et orchestre ; La Ville morte – Chanson de Pierrot – Prokofiev : Ouverture sur des thèmes juifs – Musiques traditionnelles juives
Ophélie Gaillard (violoncelle)
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Membres du Sirba Octet
Direction musicale : James Judd
1 CD Aparté AP142
1 h 09 min

mis en ligne le dimanche 30 avril 2017

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