Jeudi 28 mars 2024
Enthousiasme ou désarroi
Des poèmes de la Grande Guerre pour relativiser le patriotisme
Maudite Guerre

Un million de poèmes de guerre, nous dit-on, sont produits en Allemagne dans le seul mois d’août 1914. Qu’en est-il des autres pays ? Et des mois et des années à suivre ? Ces poèmes vont de l’enthousiasme à la désillusion et au désarroi face à la mort, et sur beaucoup, on a « déposé de la musique ». La série « Les musiciens de la Grande Guerre » s’est penchée sur ce répertoire. D’où  ce CD, le vingt-deuxième volume, fait de dix-huit ouvrages - treize en allemand, deux en français, deux en anglais et un en italien - de quinze compositeurs différents. Ils ne se réfèrent pas tous à 1914-1918. Le plus vaste (treize minutes) est Fieber (Fièvre), texte de l’écrivain autrichien Erwin Weill, disparu en 1942 en camp de concentration, musique de Franz Lehar : rêves ou plutôt cauchemars d’un soldat fiévreux sur un lit d’hôpital, avec pour conclure « M. le médecin, le cadet du lit n°8 est mort. »  Avec Charles Ives, il est question des champs de batailles dans les Flandres, avec citation de la Marseillaise, Hubert Parry célèbre les aviateurs, Puccini écrit en 1917 Morire (Mourir) au bénéfice de la Croix-Rouge italienne, Webern va chercher un de ses textes (opus 12 n°1 de 1915) dans la poésie populaire (sur le repos éternel des défunts), l’autre chez Strindberg (responsabilité  de l’homme dans le mal). Les mères maudissent la guerre, rappelle le Français Jean de Lize, Richard Strauss a en 1918 recours à Clemens Brentano (début XIXème) pour évoquer le destin des femmes dont les maris sont en guerre, et Hindemith trouve en 1919 son inspiration dans le « Chant funèbre pour deux vétérans » de Walt Whitman , qu’on retrouvera en 1936 dans Dona Nobis Pacem de Vaughan Williams : un père et son fils sont tombés au premier rang lors d’un rude assaut. De quoi relativiser le patriotisme.
Marc Vignal

Œuvres de F. Schreker, C. Ives, J. B. Foerster, F. Lehar, G. Puccini, A. Webern, H. Pfitzner, C. H. Parry, R. Leoncavallo, J. de Lize, E. W. Korngold, H.  Eisler, P. Hindemith, F. Weingartner, R. Strauss
Fionnuala McCarthy  (soprano), Klaus Häger (baryton), Karola Theill (piano)
1 CD Hortus 722
1 h 06 min

mis en ligne le mercredi 24 mai 2017

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