Vendredi 29 mars 2024
Du romantisme au baroque
Nicholas Angelich enregistre des Variations Goldberg qui feront date
Variations Goldberg

Après s’être fait un nom dans le piano romantique - notamment avec ses enregis-trements de Brahms -, Nicholas Angelich s’attaque à l’œuvre prodigieuse d’un autre compagnon de toujours mais dont il a jusqu’à présent réservée l’interprétation. C’est un défi de taille étant donnée la complexité de la composition et la difficulté à en honorer, d’un même tenant, l’ensemble et le détail. Composées, selon une légende bien ancrée, pour un élève de Bach, Johann Gottlieb Goldberg, qui devait les jouer pour soulager les insomnies de son maître, le comte Hermann Carl von Keyser-lingk, Les Variations Goldberg deviennent rapidement soporifiques quand on en force l’unité globale, le principe commun qui est celui d’une basse particulière. En même temps, on en manque le génie quand on en force l’iridescence de manière un peu trop romantique (rubato, décalage des mains, inflexions, etc.). Angelich se garde de ces deux extrêmes en interprétant pourtant ce cycle de variations de manière très personnelle, un peu dans l’esprit de la pianiste chinoise Zhu Xiao-Mei. Le caractère moderne de son jeu, qui ne cherche pas à imiter la résonance d’un clavecin, l’originalité de son choix des ornementations et des phrasés (pour lesquels Bach a laissé toute latitude à ses interprètes), la sonorité de son piano, qu’on pourrait dire presque éthérée, font de cet enregistrement une référence pour qui s’intéresse aux monuments de la musique baroque.
Katchi Sinna

Variations Goldberg BWV 988
Nicholas Angelich (piano)
1 CD Virgin Classics 0706642
1 h 20 min

mis en ligne le mardi 17 mai 2011

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