Samedi 20 avril 2024
Des bien-aimées extrêmes
Julian Prégardien décape des Lieder allemands
An die Geliebte

Pour son premier CD de lieder, Julian Prégardien a choisi le thème de l’idéal féminin dont il explore la diversité avec des compositeurs allemands aussi différents que Beethoven, Weber, Strauss et Wolf. Le fils de Christoph Prégardien se fait un prénom : il sort des sentiers battus, et cultive le contraste, voire l’excès. Il vise non pas la théâtralité, ni l’emphase mais au contraire le côté démoniaque de la vérité (Hugo Wolf). Son interprétation de la dédicace de Beethoven A la Bien aimée lointaine entraîne ainsi l’auditeur dans un univers d’une extrême délicatesse, jusqu’à l’hallucination. L’univers des Quatre tempéraments devant la perte de la bien aimée est tout autre : l’humour y est caustique et parfois trivial. Julian Prégardien en fait une interprétation d’un réalisme poussé là aussi à l’extrême, on se croirait chez Kurt Weil. Ces tensions entre émotions exacerbées et humour caustique coexistent chez Strauss (Fleurs de jeunes filles) et chez Wolf (Mörike-Lieder) – peut-être un de leurs rares points communs. La technique vocale de Julian Prégardien n’est pas sans des faiblesses qui en font le charme, et le discours est décapant et séduisant. L’accompagnement de Christoph Schnackertz le souligne avec ces mêmes outils – réalisme, souci de la vérité, audace dans les extrêmes – loin des nostalgies sucrées souvent associées à ce répertoire.
Albéric Lagier

Beethoven : An die ferne Geliebte Op. 98 ; Resignation WoO 149 - Weber : Mädchenblumen - R. Strauss : Temperamente bei dem Verluste der Geliebten - Wolf : Mörike-Lieder
Julian Prégardien (ténor), Christoph Schnackertz (piano)
1 CD Myrios Classics MYR012
1 h

mis en ligne le jeudi 3 juillet 2014

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