Vendredi 29 mars 2024
Dans le cerveau de Beethoven
Jean-Efflam Bavouzet, intégrale des Sonates, première
Sonates pour piano, vol.1

 « Pourquoi enregistrer encore les Sonates de Beethoven aujourd’hui, ajouter à la liste déjà si fournie d’intégrales une version supplémentaire ? » se demande Jean-Efflam Bavouzet. Réponse : « N’est-il pas enrichissant d’avoir un rôle actif dans l’évolution des interprétations ? » Le voilà donc, après Ravel (MDG), Debussy et Haydn (Chandos), parti à la conquête de l’Himalaya beethovénien, avec en tête les versions à première vue sans rapports d’Artur Schnabel (1932-1937) et de Friedrich Gulda (1967). A la différence de son confrère François-Frédéric Guy, en avance sur lui d’un volume, il enregistre les trente-deux Sonates dans l’ordre chronologique, c'est-à-dire qu’il faudra attendre pour le voir se mesurer aux grandes Sonates à titre, si ce n’est la « Pathétique ». A l’entendre dans les quatre premières Sonates, on se rend compte qu’il poursuit son travail sur Haydn, en soulignant discrètement les signes avant-coureurs de la révolution à venir : jeu délié et virtuose, phrasés millimétrés. La « Pathétique » donne une idée de la suite : le Grave initial nous mène à un presque silence, avant l’assaut de l’Allegro. Un peu voulu, mais du grand art. De la Sonate op. 10 n°1, il donne la version courte (définitive) et la version primitive en quatre mouvements, pour « rentrer un peu plus dans le cerveau de Beethoven ». Bavouzet ne fera peut-être pas oublier tous ses prédécesseurs, mais on peut attendre de lui qu’il joue un rôle actif dans l’évolution des interprétations.
François Lafon

Sonates pour piano op. 2 n° 1, 2, 3 ; op. 7
Jean-Efflam Bavouzet (piano)
3 CD Chandos CHAN 10720(3)
3 h 33 min

mis en ligne le vendredi 13 juillet 2012

Bookmark and Share
Contact et mentions légales.
Si vous souhaitez être informé des nouveautés de Musikzen laissez votre adresse mail
De A comme Albéniz à Z comme Zimerman,
deux ou trois choses et quelques CD pour connaître.