Vendredi 29 mars 2024
Corelli, cordes et âme
Justice est rendue par l'Ensemble Aurora
Sonate a trois - Opera quarta

Corelli ? On l’oublierait presque, victime de la vogue des Vivaldi, Scarlatti et autres compositeurs de l’importance d’Haendel. Et pourtant, en douze concerti grossi, cinq recueils de douze sonates en trio (plus quelques autres éparses) et rien d’autre, il les a tous influencés, à travers toute l’Europe. Corelli l’Archange devrait avoir la place que l’on réserve chez nous à Couperin le Grand, qui lui aussi lui doit tant. Tous deux ont œuvré pour les « goûts réunis », alliant l’exubérance prêtée au goût italien et la retenue réputée du style français. Sur le plan technique, la différence se joue pour l’essentiel dans l’art de l’ornementation qui là-bas transforme la mélodie et ici joue sur la note. Pour le reste, l’humanisme du jeune violoniste de Saint Louis des Français de Rome atteint l’âme aussi surement que Bach (autre de ses admirateurs), et son contrepoint fluide et lumineux n’y est pas pour rien : sérénité, inquiétudes, joies, étonnements, tous les registres y passent et s’entremêlent avec un ferme raffinement. Il faut une sérieuse culture pour rendre Corelli dans ses méandres d’humeurs et ses complexités d’écriture. Enrico Gatti et l’Ensemble Aurora en ont fait une spécialité. Ils sont, comme les sculpteurs, attentifs aux moindres détails de leur modèle. Ils prennent leur temps : ce n’est pas parce que c’est italien qu’il faut jouer vite et virtuose. C’est toute la profondeur de Corelli, qu’elle soit grave ou légère, qu’ils nous restituent. Quoi ? Le deuxième CD est déjà terminé ?
Albéric Lagier


12 sonates en trio de l'opus 4
Enrico Gatti (violon)
Ensemble Aurora
Direction musicale : Enrico Gatti
2 CD Glossa GCD 921207
1 h 26 min

mis en ligne le lundi 7 janvier 2013

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