Jeudi 28 mars 2024
Confidences et fébrilité
Emmanuelle Bertrand très à l'aise dans les aspérités Chosta
Concerto pour violoncelle n°1 – Sonate pour violoncelle et piano op.40

Avec sa manière parfois torturée d’aborder le violoncelle, Emmanuelle Bertrand est à l’aise dans Chostakovitch. Du Premier Concerto, elle fait superbement ressortir les aspérités, la fébrilité et les ricanements de l’Allegretto d’ouverture comme de l’Allegro final, deux mouvements où le compositeur donne le change alors que, six ans après la mort de Staline, il traîne toujours une dépression profonde qui entrave son inspiration. Dans les deux autres mouvements, qui ressemblent à des confidences, comme si Chostakovitch parvenait enfin à évacuer ses sentiments, à avouer sa douleur et son amertume avant de sortir de sa crise personnelle, Emmanuelle Bertrand est un peu moins à son affaire, d’autant que l’orchestre ne possède pas la tension ni la densité qui pourraient ajouter à l’émotion. Quant à la Sonate pour violoncelle et piano, composée vingt-cinq ans plus tôt, en 1934, elle est par moments plus lyrique, apparemment plus apaisée que le Concerto, même si Chostakovitch est déjà alors en butte aux critiques du Parti. On en attend alors une interprétation où l’intensité le dispute à la vigueur, où l’intimité même – celle qui déplaisait tant à Staline – acquiert une profondeur de chaque instant. Le piano de Pascal Amoyel est parfois trop extérieur pour donner ce sentiment.
Gérard Pangon

Concerto pour violoncelle n°1 ; Sonate pour violoncelle et piano op.40 ; Moderato pour violoncelle et piano
Emmanuelle Bertrand (violoncelle), Pascal Amoyel (piano)
BBC National Orchestra of Wales
Direction musicale : Pascal Rophé
1 CD Harmonia Mundi HMC 902 142
1 h 03 min

mis en ligne le dimanche 4 août 2013

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