Mardi 16 avril 2024
Broderies et festons
Suites allemandes tissées à la viole par Emmanuelle Guigues
Le Voyage d\'Allemagne

Ce n’est pas facile, la dentelle ! Beaucoup plus difficile que le point à l’envers et le point à l’endroit tricotés par La Dame patronnesse de Jacques Brel. Mais Emmanuelle Guigues s’y entend à manier six fils (les cordes de sa viole) et une aiguille (son archet) pour fabriquer de belles guipures. Dieu sait pourtant que les modèles dont elle part ne sont pas des plus aisés : le compositeur Johann Schenck alterne les motifs tranquilles et les dessins plus alambiqués, regarde tantôt vers l'Italie, tantôt vers l'Angleterre, passe de la gravité et du mystère à de surprenants enchaînements harmoniques tout en vivacité. Mais à la toute fin du XVIIème siècle, les auteurs allemands de musique de chambre sont familiers de ces écarts de conduite qui conviennent aussi bien aux suites de danse qu’à la mise en valeur de leur talent d’instrumentiste. Ce voyage dans l’Allemagne baroque mène aussi chez Telemann et Jean-Sébastien Bach, dont les compositions semblent moins aptes à donner de belles passementeries : la sonate du premier manque de ces jours qui font la légèreté de la dentelle d’Alençon, et, de la transposition pour viole de gambe de la Cinquième Suite pour violoncelle du second ressort l’aridité plus que la broderie. Comme si on ne pouvait avoir à la fois, ainsi que le chantait Brel, un point pour saint Joseph, un point pour saint Thomas.
Gérard Pangon

Schenck : L’Echo du Danube Sonates V et VI – Telemann : Sonate pour Viola di gamba senza Cembalo TWV 40 : 1 – Bach : Suite V pour violoncelle BWV 1011
Emmanuelle Guigues (viole de gambe)
1 CD L’Encelade ECL 1404
1 h 02 min

mis en ligne le samedi 12 mars 2016

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