Après Comment voyager avec un saumon (Umberto Eco - Grasset, 1997), voici Comment voyager avec un violon. Une jeune élève (douze ans) de la Cheatham School of Music de Manchester s’est présentée récemment à l’embarquement d’un vol de la compagnie low cost Ryanair avec sa boite à violon. « En soute les bagages ! », lui-a-t-on intimé. « Mais cela abîmerait mon violon. Mes parents ont téléphoné. On leur a répondu qu’il n’y avait pas de problème. » « Il n’y en a pas si vous achetez un siège pour le violon. C’est 230 euros ». L’affaire n’est pas nouvelle, puisque 13 000 (!) mécontents ont formé sur Facebook le collectif « Musiciens contre Ryanair », désormais relayé par la très officielle Incorporated Society of Musicians (Grande-Bretagne). La compagnie irlandaise (4800 employés, 557 liaisons dans toute l’Europe, 306 nouveaux Boeing 737 commandés pour 2012) est réputée pour ses méthodes expéditives : surexploitation des pilotes, limitation du kérosène obligeant les appareils à se poser sans attendre leur tour, subventions abusives (et sanctionnées par la Commission européenne) réclamées aux aéroports. En février 2008, Ryanair a été condamné à verser 60 000 euros à Carla Bruni pour avoir agrémenté sa publicité dans le quotidien Le Parisien d’un portrait du couple présidentiel en vacances à Louxor. Comme quoi, quand ça l’arrange, Ryanair n’hésite pas à sortir les violons.
François Lafon