Il y a une vingtaine d’années, Franco Zeffirelli avait déclaré qu’il monterait volontiers La Tétralogie à condition que les gardiens du temple wagnérien le laissent en faire un digest de quatre heures. Réaction desdits wagnériens : « Que Monsieur Zeffirelli s’en tienne à La Bohème et Aïda ». A la même époque, en Angleterre, le compositeur Jonathan Dove et le metteur en scène Graham Vick attiraient à l’opéra un nouveau public en condensant des chefs-d’œuvre du répertoire, parmi lesquels … La Tétralogie. Quatre soirées en un week-end, neuf heures de musique (et non plus quatorze, mais tout de même pas quatre), dix huit instrumentistes, quinze chanteurs. C’est ce Ring Saga, mis en scène par Antoine Gindt, qui parcourt en ce moment la France et ses environs : Porto, Strasbourg (dans le cadre du très chic festival Musica), Paris, St-Quentin-en-Yvelines, Nîmes, Caen, Luxembourg, Reims. Sans vedette, mis en scène a minima, le spectacle fait le plein partout. Les Français ne sont pourtant pas privés de Tétralogie grandeur nature : Aix-en-Provence, Strasbourg, Paris, pour ne citer que les plus récentes. Mais s’offrir un Ring complet n’est pas à la portée de toutes les bourses, ni de toutes les oreilles. Alors Wagner pour les riches, Wagner pour les nuls ? Un opéra à deux vitesses ? Prix des places pour le cycle intégral de Ring Saga : de 10 à 65 euros (Caen), de 80 à 120 euros (Strasbourg). Même en mini-lingots, l’Or du Rhin manque de stabilité.
François Lafon
ringsaga.com Photo©CasaMusicaPorto