Jeudi 25 avril 2024
Le cabinet de curiosités par François Lafon
Luc Bondy, un art consommé de l’intermittence
samedi 28 novembre 2015 à 17h06

Disparition à soixante-sept ans du metteur en scène Luc Bondy, directeur depuis 2012 de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. En 1979 – à propos de la première à l’Opéra de Paris de Lulu d’Alban Berg dans la version complétée par Friedrich Cerha - confrontation à l’Abbaye de Royaumont des tandems Patrice Chéreau-Pierre Boulez et Bondy-Christoph von Dohnanyi, artisans à Hambourg d’une Lulu incomplète mais mémorable. Découverte alors de ce jeune Zürichois bilingue français-allemand, qui aux péremptoires « Je veux dire » de Chéreau oppose un autre tic de langage : « Je ne sais pas, mais… ». Deux spectacles - théâtre et opéra - lui conféreront en France le durable statut d’artiste culte : Terre étrangère d’Arthur Schnitzler (Nanterre-Amandiers - 1984) et Don Carlos de Verdi (Châtelet -1996). Plus qu’à Chéreau, dont il sera l’éternel challenger (et avec qui il partagera le pourtant exclusif scénographe Richard Peduzzi), c’est plutôt à Klaus Michael Grüber, un de ses grands prédécesseurs à l’illustre Schaubühne de Berlin, que s’apparente sa manière : patchwork stylistique, plages vacantes ponctuées de fulgurances, direction d’acteurs à la fois lâche et précise. Sa superbe Salomé (Salzbourg – 1992, DVD Decca), sa Tosca, qui a succédé non sans remous au MET de New York à la version historique de Franco Zeffirelli, résume cet art consommé de l’intermittence (DVD Virgin Classics).

François Lafon

Photo © DR

 

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